REPÈRES

• Surfaces : 85 ha dont 4 ha en conversion à l’agriculture bio sur zone de captage depuis le 1^er mai 2017
• Les cultures : miscanthus, maïs grain, blé, triticale, soja
• Commercialisation du maïs, blé, triticale et soja en filière longue et vente directe du miscanthus pour l’alimentation d’une chaudière à biomasse communale et aux collectivités et particuliers comme matériau de paillage

Son parcours

Après un Bac scientifique passé au lycée agricole de Rouffach, Jérémy intègre le Legta de Vesoul où il suit un BTS en productions végétales. Pour parfaire sa formation, Jérémy choisit de suivre une formation Agricadre à l’ESA d’Angers. « Le BTS m’a apporté les connaissances techniques en productions végétales, la formation Agri Cadre était plus spécialisée commerce, marketing et stratégie de l’entreprise agricole », explique le jeune homme. Jérémy est diplômé en 2010. Il n’y a alors pas de place pour lui sur l’exploitation familiale. Il intègre un négoce agricole en attendant de concrétiser son projet. Il s’installe finalement en janvier 2014, en maintenant son activité salariée. « Sur une petite structure comme la mienne et vu le contexte économique, je préfère garder les deux casquettes », confie Jérémy.

Son projet

Jérémy s’est installé sur l’exploitation familiale avec un objectif : adapter l’exploitation à son contexte. « Un tiers du parcellaire se situe en zone de captage, j’ai aussi beaucoup de parcelles en bordure de rivières, et la ferme est proche des habitations », indique le jeune agriculteur. Jérémy a entamé une conversion à l’agriculture bio sur 4 ha situés en zone de captage. « Il est plus facile de suivre un cahier des charges que l’on connaît, plutôt que de subir les contraintes, logiques, liées à la qualité de l’eau. Je cherche aujourd’hui à transformer ces contraintes pour pérenniser l’exploitation », explique-t-il. La prise de conscience sur la qualité de l’eau a été faite par son père il y a quelques années. Il a implanté la première parcelle de miscanthus, culture à bas niveau d’intrants, en 1992, a introduit le non-labour à la fin des années 1990 et est engagé dans la réduction des produits phytosanitaires depuis plus de dix ans. « Le nécessaire changement de pratiques lié à la réduction des phyto impose une réflexion globale sur le biocontrôle, le type de cultures, les variétés… qui finalement se rapproche de la logique de l’agriculture bio », pointe Jérémy. Le jeune agriculteur veut aller plus loin dans la voie tracée par son père, en retraite depuis janvier 2016. Il a notamment prévu d’investir dans du matériel de désherbage mécanique. 

L’exploitation compte aujourd’hui 7 ha de miscanthus qu’elle valorise en vente directe pour le paillage des massifs floraux, des collectivités et des particuliers, et qui alimente une chaudière à biomasse communale. Au total 30 ha sont aujourd’hui implantés sur la zone de captage.

Son résultat

Une vraie dynamique locale s’est créée autour de la zone de captage. « Lorsqu’on se concerte entre agriculteurs, on obtient des résultats », apprécie Jérémy. Après trois années de travail collectif, le taux de nitrates sur la zone de captage a été réduit de 10 mg/l. Jérémy mène aujourd’hui une réflexion autour de l’intégration de nouvelles cultures dans le cadre de la mesure agro-environnementale et climatique « Système de culture » à laquelle l’exploitation a souscrit. Il s’interroge sur l’opportunité de semer du colza ou bien un mélange luzerne plus trèfle, qui trouverait une valorisation auprès des éleveurs du secteur.

L’implantation de miscanthus permet de répondre à l’enjeu des énergies renouvelables – production de chaleur – tout en réduisant les produits phytosanitaires. « Nous réduisons les phyto et nos clients également. Le paillage participe à la préservation de l’eau : il permet de se passer d’herbicides et de réduire l’arrosage ». Jérémy produit lui-même de l’énergie : un hangar de stockage équipé de panneaux photovoltaïques a été construit en 2011 à la sortie du village.

Son rêve

La conversion de 4 ha en zone de captage n’est qu’une première étape. Jérémy souhaite passer progressivement toute l’exploitation à l’agriculture bio. « L’exploitation est historiquement en avance sur la protection de la ressource en eau. L’agriculture bio est une suite logique. Je souhaite aujourd’hui m’extirper des marchés mondiaux et retrouver de la valeur ajoutée sur les cultures. » Jérémy souhaite se laisser le temps de trouver des débouchés pour valoriser au mieux ses productions, d’où la volonté de convertir progressivement l’exploitation. « Nous sommes dans un secteur à forte densité de population. Ça a ses inconvénients comme la forte pression sociétale et foncière mais aussi ses atouts pour trouver des débouchés locaux. » Les premières récoltes en agriculture bio sont prévues pour 2019.